«

»

Oct 25 2013

Les Dents du Fleuve

Piranhal’évocation de son nom suffit à nous représenter un tueur assoiffé de sang, cannibal et mangueur d’hommes,… un peu comme les requins. 

Réputation accentuée par les films sortis pour la plupart des studios Hollywoodiens aux affiches terrifiantes.

A gauche l’affiche du film Piranhas en 1878 de Joe Dante et à droite le dernier film piranhas 3D de Alexandre Aja sorti en 2010. (hummm… éviter les matelas gonflable orange, cela semble énerver les piranhas…) .

Mais l’histoire est antérieure à ces films à succès… Elle a démarré en 1913, lors de la visite au Brésil de  l’ex-Président américain Theodore Roosevelt. Les habitants voulant impressionner leur hôte, ont quelques jours auparavant, capturés puis maintenus à jeun des piranhas dans un bassin de fortune.

Puis ils ont jeté une vache vivante, sous les yeux ébahis de Rossevelt. Selon ses mémoires, l’eau s’est mise à bouillonner et est devenue rouge. La pauvre vache n’est pas restée vivante longtemps,  les piranhas, toujours très organisés,  l’avaient dévorée jusqu’à la dernière miette et son squelette était tout de qui restait flottant à la surface de l’eau.

Les Serrasalminae , famille à laquelle appartient les piranhas, sont surtout connus pour leur réputation de voraces. Pourtant les piranhas aux dents acérées ne représentent qu’une branche des Serrasalminae. Les espèces de la branche phytophage et/ou frugivore (kumaru…) sont en fait plus nombreuses, souvent plus grosses, et recherchées en Guyane notamment en raison de leur qualité gustative.

Le piranha de Rooselvelt et celui généralement mis en scène dans les films d’horreur, est le piranha à ventre rouge (Pygocentrus nattereri), sans doute le plus agressif. Il est non présent en Guyane.

En revanche en Guyane nous avons le piranha noir (Serrasalmus rhombeus), plus timide  que son cousin rouge, il est aussi beaucoup plus gros. Il est ainsi courant de capturer des piranhas noirs de 2 à 3 kilos, alors qu’il s’agit de poids déjà rares pour le piranha rouge.

Du coup, si des attaques sur l’homme par le piranha noir ne sont pas connues, il existe de nombreux cas d’accident lors de manipulation, les mâchoires de cette espèce étant réellement impressionnantes.

Le piranha noir vit en banc et attaque les poissons en mauvais état ou tout autre animal montrant des signes de fatigue. Là encore, il faut un stimulus pour déclencher l’attaque.

Le Piranhas noir à la machoire la plus puissante du monde animal, en effet, il à une force équivalente à 30 fois le poids total de son propriétaire.

C’est donc à la recherche de ce Fameux Prédateur que nous partons pour notre périple, nous rendant ainsi sur le fleuve Iracoubo situé entre Sinnamary et Saint Laurent du Maroni.

Après une nuit au carbet de la crique Toussaint à Sinnamary, c’est vers les 8H du matin que nous mettrons à l’eau notre barque alu au dégrad du village Amérindien de Bellevue juste après Iracoubo. C’est la première fois que nous naviguons sur ce Fleuve. Large au départ et bordé de Foret  Marécageuse, il se rétréci au bout d’une heure de navigation pour laisser apparaitre des berges de sable plus accueillantes et surtout plus propices pour établir un éventuel campement. Il n’est sans nous rappeler le Fleuve Counamama découvert lors de précédentes excursions non loin de là.

Nous sommes en saison sèche, les Ébène Verts (Tabebuia capitata) sont en fleurs et colorent ainsi de taches jaunes la forêt. Les Cacaoyers rivières (Pachira aquatica) ne sont pas en reste avec leurs fleurs rouges comme autant de petits feux d’artifice rougeoyants  à la surface de l’eau.Nous nous arrêterons pour tenter de cueillir une cabosse mure pour y récupérer des graines comestibles au gout de noisette fraiche.

Nous ferrons plusieurs pauses pour y tenter une prospection aux leurres. Les piranhas ne se bousculent pas au portillons… Quelques tapes timides et des leurres tranchés net, trahissent néanmoins la présence des Poissons à dents!

Les traines ne donneront rien non plus.

Enfin, nous voyons une zone d’activité. Des chasses en surfaces nous redonne de l’espoir… difficile de voir en revanche de quels poissons il peut s’agir. Piranhas? acoupas? poissons chat?

Toujours rien aux leurres, je passe à l’Appât. J’ai emmener avec moi une grosse cuisse de poulet au cas où… c’est le moment de la sortir!

Quelques secondes suffisent pour que je sente déjà mon appat en train de se faire grignoter… FERRAGEEE!!!! …. RATAGE!!!!

Je finirais par sortir un Kaloueri (Pimodelus), sorte de poisson chat.

Les décrochés sont nombreux mais les traces de bouchées tranchées de manière bien nettes confirme encore la  présence de piranhas. Je remplace l’hameçon simple par un triple et … enfin, je sors le premier piranhas! Pas très gros mais contente tout de même!

Le vent se lève, les nuages gris laissent échapper les premières gouttes. Vite, il nous faut trouver un campement! Nous repérons un premier endroit mais trop boueux , puis un second ou figure encore la structure d’un ancien carbet de chasseur, mais en plus d’être trop bas, le coin est infesté de moustiques! Je me fais dévoré, j’ai les pieds dans la boues et je suis frigorifiée!!! Vite!!! cassons nous avant que je ne pique une crise de nerfs!!!

Finalement nous trouverons un peu plus bas un autre carbet brousse en meilleur état et avec moins de moustiques!!! La pluie s’est enfin calmé. David fini de monter le campement pendant que j’écope la barque alu. Un énorme Phasme se cache dans les brindilles. Le camouflage est parfait!

Un dernier coup de pêche dans les environs du campement puis la nuit commence à tomber, le temps de rentrer au campement avant un nouvel orage lui aussi de courte durée!  Heureusement que nous sommes censés être en saison sèche!

Le jour se lève sur l’Iracoubo. La nuit à été bonne, des singes de nuit , des KINKAJOU, intrigués par le chien sont venus au dessus du campement. Petits déjeuner, puis nous sommes fin prêts et motivés pour aller chercher ces fameux gros piranhas Noirs.

Changement de technique, on jette le chien à l’eau avec des triples dans chacune des pattes…. Mais NANNNNN, j’rigoles!!! On pêche des poissons chats , qui vont servir à leurs tours d’appât. Le piranhas semble apprécier l’ appât frais .

On repère des fosses… un demi Kalouari sur un gros Hameçon et on attends….

Rien … Quand soudain sur la canne de David, fizzzzzzzzzzzzzzzzz le moulinet déroule son frein tandis que la canne se plie en deux! Gros ferrage en règle , ça y est, il est au bout! l’œil rouge perce la surface de l’eau!

Il est énorme! Magnifique combat, ce poisson est vraiment de toute beautés.

David le sort de l’eau pour la photo et pour pouvoir lui extraire l’hameçon. Il émet un son avec sa gorge, une sorte de grondement  caractéristique qui me fait froid dans le dos.

La dentition est vraiment impressionnante. Ma phalange à, à peine frôler une dent et deja je saigne!

Manipulation délicate car le moindre faux mouvement et le poisson avec ses dents et sa puissante mâchoire peuvent vous couper un doigt.

Moi aussi, j’en veux un!!!!

On remet les lignes à l’eau… Gros appat = Gros poissons? Je ne sais pas mais de gros départ s’en sont suivis ,  dont un impressionnant qui laisse à supposer un très gros individus! Hélas, décroché!

Puis plus rien… les piranhas sont ils méfiant?

Nous changerons plusieurs fois de coins, certaines zones étant à priori plus fréquentées que d’autres. Les piranhas vivent en bancs.

Généralement après deux trois décrochés, les piranhas ne mordent plus et il nous faut changer de coin.  intelligents? méfiants ou stressés? les trois peut être…

Enfin, j’arrive à sortir moi aussi mon gros Piranhas!

Il est temps de penser au retour… Nous restons un peu sur notre faim car nous n’avons pas réussi à sortir LE Gros Piranha qui nous a fait le départ de fou!l

Nous avons perdu du temps dans notre prospection mais nous avons appris beaucoup sur le comportement et le biotope de ce poisson en peu de temps. Pas si facile en effet la pêche au piranhas!!!

Loin de sa réputation de tueur sanguinaire et vorace qui saute sur tout ce qui bouge…  Nous avons rencontré un poisson méfiant et peureux. Attiré certes par la « viande », mais qui semble mordre avec prudence lors d’ attaques très furtives et pas franches au vues des nombreux décrochés. (contrairement à un aimara qui lui va y aller sans hésiter et se piquer plus facilement sur l’hameçon).

Nous n’avons qu’en tête d’y retourner prochainement pour y viser le spécimen de plus de 3 kilos!

Voici deux vidéos bien sympa réalisées avec camera GO PRO HERO3 qui vous mettrons je l’espère dans l’ambiance de cette sortie et dans l’atmosphère de cette fabuleuse forêt guyanaise.

La bande annonce du fllm

 

Le film

 

1 Commentaire

  1. Johann

    Merci Sab pour ce joli documentaire.
    Bises.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser les balises HTML suivantes : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>