Les lumières de la ville sont éteintes, personne dehors….les habitants vivent calfeutrés chez eux…

mais que se passe t’ il ?

Sur les quelques rares façades et enseignes de magasins demeurées allumées, une multitude de papillons tournois comme des fous, la façade est recouverte de petits triangles sombres….

 

Si vous n’êtes pas trop curieux, face à cette scène, je vous invite à pas trop vous en approcher .

Il s’agit en faite de Papillons appelés Papillonites ou Papillons cendres pour les intimes et Hylesia metabus pour les initiés.

Ce papillon envahissant est considéré comme nuisibles en raison des fléchettes situé sur son abdomen qu’il répand provoquant au contact de la peau, une dermatose (affection de la peau).

Ce sont surtout les femelles qui libèrent en vol des milliers de fléchettes microscopiques urticantes, afin de protéger leurs œufs des prédateurs.

 

Je vais tenté par cet article de tout vous faire découvrir sur ce fameux papillon grâce aux différentes recherches et informations que j’ai pu recueillir .

Je vais vous parler un petit peu des particularités biologiques de ce Hylesia , puis de comment il agit, des dégâts qu’il provoque et les moyens de lutter contre son invasion.

• Son biotope:

La chenille de L’hylesia se développe généralement sur les zones du littoral, dans les mangroves. Bien que dans le cadre d’un cycle dit « normal » , les papillons colonisent exclusivement le palétuvier blanc (monophytophages), en cas de forte infestation, ils se nourrissent et colonisent plusieurs autres espèces (polyphytophage) Ainsi, on les retrouvent dans les abord des forets ou dans les jardins et notamment sur les espèces telle que le bois diable, le copaya, le goyavier ou l’anacardier.

• Le cycle du papillon

C’est un cycle qui dure trois mois. Raison pour laquelle les infestations peuvent se produire quatre fois dans l’année (janvier, avril, juillet et octobre).

Chaque papillon ponds en moyenne 270 œufs . Après une 20 aine de jours d’incubations, les œufs donnent naissances à des chenilles qui se regroupent sous les feuilles. C’est après un passage par 7 stades larvaires et 50 jours plus tard, qu’elles forment un cocon entre deux feuilles. Il faudra encore attendre de 14 à 21 jours pour que le papillon sorte enfin de sa chrysalide pour se voir mourir ensuite au bout de 3 à 7 jours.

Remarque: les mâles éclosent 5 jours avant les femelles. Au stade papillon, il cesse de se nourrir. (partie buccale quasi absente).

• La morphologie du Papillon

Adulte ce papillon mesure déployé 12 mm de long et 21 mm de large. Il possède un abdomens velu. Les femelles sont plus grosses que les mâles et sont bien plus urticantes. Sa coloration est brun – rosé. Les fléchettes urticantes ont pour fonction de protéger les œufs.

Dimorphisme sexuel :

Mâle : plus petit, antennes bipectinées.

Femelle : plus grosse, antennes filiformes, abdomen recouvert de micro fléchettes urticantes.

• Dispositifs venimeux

Le genre Hylesia a développé un système de défense très perfectionné. Tous les stades du papillon sont protégés par des épines venimeuses ou des fléchettes venimeuses et des poils urticants. Les femelles adultes ont l’abdomen recouvert de poils urticants et de fléchettes venimeuses. (Différence entre épines venimeuses et fléchettes venimeuses : Épines venimeuses , elles sont alimentées par des glandes à venin, qui produisent les toxines et les stockent. Fléchettes venimeuses :Elles disposent d’une dose de venin non renouvelable.)

Généralement la population est en nombre raisonnable .Toutefois, certaines années le nombre de papillons pullulent et devient néfaste pour l’homme avec les problèmes que je vais vous évoquer plus bas. « Une phase de pullulation dure environ quatre semaines, les pullulations peuvent être séparées par des périodes de six mois à quatre ans »

La papillonite est un papillon nocturne qui vole de 20h jusqu’à 23 heures maximum. il est très fortement attiré par les sources de lumière et passe ainsi rapidement des mangroves aux lieu d’habitations éclairés.

• Ses effets nuisibles

Ces fléchettes contiennent une substance toxique qui, en contact avec la peau, provoquent, sur les parties découvertes (avant bras, plis du coude, poignet..) :

• des éruptions cutanées extrêmement prurigineuses
• des démangeaisons locales importantes
• quelques fois des réactions plus violentes entraînant des œdèmes.

La présence de papillons cendre engendre des nuisances, mais ne présente pas de risque pour la santé.

 

En contact avec les fléchettes urticantes du papillon cendre, (soit par contact direct avec le papillon ou par contact avec un objet ou support recouverts de fléchettes) , des démangeaisons apparaissent de légères à violentes en fonction de la sensibilité de chacun. Les symptômes apparaissent en quelques minutes et peuvent durer de quelques heures à deux semaines.

« Le grattage et la sueur étendent voire aggravent les symptômes. Il n’y a pas d’immunité : un personne victime de papillonite en subira de nouveau les conséquences à chaque contact avec les poils urticants d’Hylesia. »

• Comment atténuer les symptômes?

Les symptômes disparaissent par eux même sans traitement .

Toutefois dans les cas sévères, même si l’efficacité reste modeste, un anti-histaminique peut être administré.

Le venin est thermolabile, la chaleur entraine sa destruction, ainsi dans les remèdes de « grand mère », on préconise une douche bien chaude suivi d’une application de la lotion FOUCAUD (en pharmacie et chez les épiceries « chinois ».)

Surtout évitez de se gratter au risque d’infecter les boutons.

 

• moyens de lutte

Il existe la lutte mécanique, Compte tenu de la localisation dans la Mangrove des œufs et chenilles, il est difficile de lutter à se stade de développement du papillon.

la lutte mécanique, le piégeage par phéromones, la lutte biologique (bacillus BTK) , la lutte chimique n’apportent pas de résultats suffisant ou satisfaisant vis a vis de l’environnement pour pouvoir être mis en place.

 

construction d’un piège

Le seul moyen de lutte efficace contre l’Invasion reste le piégeage lumineux. Pour être efficace, il est important de baisser fortement l’intensité lumineuse environnante risquant de derouter le papillon vers d’autres sources de lumières.

Des pièges chez vous

source : issue du site de sinnamary (http://sinnamary.mairies-guyane.org/index.php?actualite=39)

Il vous faut : Une lampe (faute d’ halogène, une ampoule simple ), une cordelette de 5 mètres, un seau, une longueur de câble électrique à relier à votre prise la plus proche, des clous type crampillons, ou clous recourbés.

Montez le tout sur un mât en bois comme sur la photo et le piège est prêt.

L’avantage de la cordelette est de descendre le seau sans se salir les mains.

De l’eau savonneuse, un verre de vielle huile de friture dans deux litres d’eau et les papillons resteront collés. Ne pas remplir le seau… au risque de se le prendre sur la tronche en essayant de le descendre.

Entretenir le piège régulièrement en enlevant les papillons qui s’y sont noyés.

En résumé, voici un peu en récapitulatif ce qu’il faut faire et ne pas faire.

 

• Ce qu’il faut faire

• prendre une douche très chaude à la suite du contact avec les fléchettes urticantes pour diluer le venin,
• après un contact avec les fléchettes urticantes, éviter de se gratter, et appliquer un produit calmant (vendus en pharmacie),
• porter des vêtements amples et couvrants lors des sorties nocturnes,
• changer ses ampoules blanches extérieures par des ampoules jaunes orangées ou rouges qui sont moins attractives pour les papillons,
• laver fréquemment le sol et les moustiquaires,
• passer régulièrement une éponge sur les meubles extérieurs pour éliminer toutes les fléchettes qui ont pu s’y déposer,
• laver le linge à l’eau très chaude pour éliminer les substances urticantes,
• limiter les courants d’air qui peuvent disperser les fléchettes urticantes,
• laver régulièrement les animaux domestiques dont les poils peuvent piéger les fléchettes,
• éliminer les papillons en les arrosant avec un jet d’eau ou en utilisant un chiffon humide,
• bien fermer les prises d’air et les vitres lors de déplacements en voitures dans des zones infestées.

• Ce qu’il ne faut pas faire :

• ne pas marcher pieds nus,
• ne pas utiliser de bombe insecticide sinon les papillons sont agités et dispersent leurs fléchettes,
• ne pas stationner la nuit sous les sources lumineuses attirant les papillons comme les projecteurs ou les lampadaires.

Enfin, si suite à une atteinte de papillonite les symptômes persistent, il est recommandé de consulter rapidement un médecin.

 

Voici un petit report en vidéo d’une balade nocturne pour se rendre compte de l’état de l’invasion.

Voila, je pense avoir fait un peu le tour du sujet de la Papillonite. N’hésitez pas à étoffer encore le sujet de vos expériences , remarques et commentaires. Cela fait longtemps que je n’avais pas vu des invasions comme celle de cette année. Sans explication connue, de véritables pullulations surviennent certaines années, comme en 1976, 1979-80, 1984-85 ou plus récemment en 2006 en Guyane.

Cela fait à mon sens partie des Particularités de la Guyane et oui! il n’y a pas que du positif… mais bon on s’adapte et le tout est de bien se renseigner pour ne pas se laisser piéger et attendre patiemment que cela se passe.

Sources:

Bien des recherches ont étés nécessaires pour écrire ce petit article regroupant un peu les différentes informations retrouvées.

voici un petit peu mes principales sources et je vous invite à allez y retrouver les informations plus précises et plus approfondies:

http://remire-montjoly.mairies-guyane.org

http://pnrguyane.free.fr/spip.php?rubrique29

http://www.guyaweb.com/battements-d%E2%80%99ailes-a-sinnamary-%E2%80%A6/

http://sinnamary.mairies-guyane.org/index.php

Photos de papillons en gros plan et chenille de « Crédits photographiques : BERGERE C., CHAMPENOIS J-P. »